12- L'empreinte transfigurée
p. 45 - Les prédicateurs du roi.(suite)
La suite du sermon confirme
cette vision terrible de Dieu Notre Père.
Le prédicateur Bourdaloue pense-t-il sincèrement
parler du Dieu de la Révélation
ou d’une divinité païenne
assoifée du sang des sacrifices humains ?
“ Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?”
Ce délaissement et cet abandon de Dieu
est en quelque sorte la peine du dam (damnation)
qu’il fallait que Jésus-Christ éprouvât pour nous tous,
comme dit saint Paul *.La réprobation des hommes
aurait été encore trop peu de choses
pour punir le péché dans toute l’étendue de sa malice :
il fallait, s’il m’est permis d’user de ce terme,
mais vous en pénétrez le sens,
et je ne crains pas que vous me soupçonniez de
l’entendre selon la pensée de Calvin,
il fallait que la réprobation sensible de l’l’homme-Dieu
remplît la mesure de la malédiction et
de la punition qui est dûe au péché...Ce n’est point dans le jugement dernier que notre Dieu offensé et irrité se satisfera en Dieu,
ce n’est point dans l’enfer qu’il se déclare
plus authentiquement le Dieu de vengeance,
c’est au calvaire.
C’est là que sa justice vindicative
agit librement et sans contrainte...
Tout ce que les damnés souffriront
n’est qu’une demi-vengeance pour lui,
ces grincements de dents, ces jugements et ses pleurs,
ces feux qui ne doivent jamais s’éteindre.
Tout cela n’est rien ou presque rien
en comparaison du Sacrifice
de Jésus-Christ mourant.”* Sauf erreur, saint Paul
n’a jamais parlé de la “peine du dam”.