Les indices pensables. Episode 64, par Brunor

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64. Confrontation au sommet

Résumé : Depuis l’Antiquité, chaque civilisation a  tenu à exprimer comment elle comprenait le Monde. Certains de ces écrits sont arrivés jusqu’à nous. Les experts réussissent à les authentifier, les traduire, les dater, les comparer…
Grâce à ce long travail de recherche, nous disposons aujourd’hui d’un certain nombre de récits qui expriment la vision du Monde des grands Anciens aux quatre coins de la Planète, pour autant que leurs textes n’aient pas été détruits…
Pour employer une métaphore, c’est un peu comme si chaque représentant d’un grand courant de pensée, philosophique ou religieuse de l’Antiquité, avait exprimé sa vision du Monde pour participer à une sorte de concours de l’agrégation, sur quatre grands sujets :
-1- le cosmos : le ciel et les étoiles
-2-les êtres vivants,
-3-les êtres humains
-4-qui a fait tout cela : un Dieu, plusieurs dieux, ou aucun dieu ?…

Quatre grands sujets pour quatre pages de copie d’examen… Ils ont donc rempli leur copie, avec application  mais jusqu’à présent nous n’étions guère avancés, puisque nous ne pouvions pas aller plus loin : nous avons ramassé les copies et les avons conservées.  Nous avons pu les lire, certes, et apprécier leur poésie, leur style et leur imagination, mais impossible de passer à la phase attendue de la notation. Puisque nous n’avions pas les « corrigés ». Nous n’avions, aucun moyen fiable pour savoir si l’interprétation du monde de tel ou tel était juste ou erronée sur tel ou tel point. Nous nous sommes d’ailleurs tellement habitués à cette situation d’inconnaissance que toute nouveauté à ce sujet a tendance à  déranger ceux qui ne souhaitent pas connaitre le résultat objectif de ce « concours de l’agrégation » qui est pourtant très sérieux.
Par exemple, au milieu du XIX° siècle, on pouvait encore affirmer que la Terre était éternelle, qu’elle avait toujours existé, ou que le Soleil durerait éternellement… ou que la vie surgissait spontanément de la matière inerte… On pouvait dire tout ce qu’on voulait puisque personne ne pouvait vérifier. Nous étions encore, pour de nombreux sujets, dans le tiroir des opinions et des interprétations…(1)
Et nous aurions pu y rester, si les progrès de la connaissance, dans le domaine physique qu’étudient les sciences expérimentales, ne nous avaient permis d’apprendre à « lire » cet Univers (le seul que nous puissions étudier scientifiquement). Et c’est ici que s’est produite (progressivement) une révolution considérable pour la pensée : nous avons enfin reçu les informations pour évaluer ces copies qui étaient en attente. Nous pouvons enfin confronter au réel ces grands courants de la pensée de l’humanité, pour voir s’ils sont tous à peu près ex-aequo, ou si certains ont mieux « compris » le Monde que d’autres, dans ce grand concours auquel les sages, mages, chamans, philosophes et religieux de l’Antiquité ont souhaité participer en s’exprimant ouvertement sur ces quatre grands dossiers.
C’est une révolution pour la pensée car jusqu’ici, tout était possible selon les différents courants philosophiques et religieux : les uns prétendaient que l’Univers était éternel, d’autres le voyaient cyclique, pour d’autres, l’Être Absolu était la matière ou pour d’autres, les atomes étaient éternels… Pourquoi pas ? Les débats étaient partout. Mais qui avait raison ? Comment le savoir? Quelle représentation du Monde (paradigme) pouvait être le bon ? Lequel correspondait à la réalité ? Chacun prétendait que c’était le sien, mais… aucun moyen de vérifier.
Nous étions donc réduits à faire notre choix le plus souvent en suivant la tradition religieuse ou philosophique de nos parents, celle de notre civilisation, de nos gouvernants, de notre roi, de l’empereur, du pharaon, du tsar… Et si la liberté de choisir nous était accordée,  comment orienter notre choix ? Préférer le courant de pensée qui avait rendu la copie la plus soignée, avec la plus belle calligraphie, ou le meilleur style littéraire, ou la plus belle poésie, ou les paroles les plus convaincantes, ou les mieux adaptées à nos propres intuitions sur le Monde ? Comment départager toutes ces représentations du Monde ?
Aujourd’hui, on y voit plus clair. Pour ceux qui souhaitent fonder leur choix sur une démarche rationnelle, c’est devenu possible et c’est récent. Puisque les progrès nous permettent enfin d’avoir les réponses sur les  trois premiers sujets qui appartiennent tous au domaine physique, celui que les sciences expérimentales étudient. Bien sûr, ces sciences sont totalement et entièrement incompétentes pour étudier le quatrième sujet puisqu’il est d’ordre métaphysique : « Qui a fait ce Monde ? Un dieu, plusieurs ou aucun ? » …
Il existe pourtant un moyen d’exercer notre raison sur cette fameuse question quatre. En effet, comme on l’a compris, ces quatre grands sujets ont une cohérence entre eux. N’importe quelle interprétation à propos du cosmos, des êtres vivants ou des êtres humains n’est pas compatible avec n’importe quelle idée du Créateur… Donc si le résultat du concours m’apprend que tel courant de pensée a répondu tout faux (sur les trois premiers sujets vérifiables), pour ma part, ce n’est pas l’auteur de cette copie que j’irai interroger sur la quatrième question (théologique). Si sa vision du monde est incompatible avec ce qu’est le Monde réel, il y a des chances que son idée théologique soit tout aussi erronée. Puisque les réponses sont reliées entre elles par une relation de cohérence. Par exemple, affirmer que la Planète Terre a toujours existé implique une certaine vision globale ou les autres questions sont impliquées… Nous en reparlerons car cette interdépendance est constante dans la réflexion sur foi et raison.
A l’inverse, si des courants de pensée réussissaient brillamment  ce concours... Si donc ils se révélaient compatibles avec le réel dans leurs réponses aux trois premières questions vérifiables, alors la façon dont ils ont répondu à la question de Dieu m’intéresserait au plus haut point, non pas comme une preuve que leur Dieu est le vrai, mais comme une source d’indices pour une enquête que nous allons poursuivre.
Car c’est effectivement le cas : deux copies se détachent du lot (2) : Celle d’Aristote et celle des hébreux bibliques…
 (A suivre…)
Brunor

  1. Voir les premiers albums ou les chroniques précédentes
  2. Voir spécialement le Tome 4 : L’Être et le néant sont dans un bateau.

Le nouvel album de la série Les Indices pensables est paru,
Le Secret de l’ADAM inachevé. (Brunor éditions) distribution Salvator.

 

 

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